Refonder le Monde
Et si la solution était de fonder des Communautés ?

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Tout changer, refaire le monde, reprendre tout à zéro, repartir dans d’autres directions

mercredi 1er novembre 2023

Refaire le monde, tout changer... Un fantasme d’adolescent ? Si vous le pensez, passez votre chemin.

Tout changer, refaire le monde, reprendre tout à zéro, repartir dans d’autres directions… cela fait naïf, adolescent soixante-huitard attardé, cela ressemble à certaines paroles de chansons, et pourtant, c’est bien la seule chose qui doit être tentée, il y a là une nécessité absolue.

Tous les jours, de nouveaux événements, de nouveaux drames, de nouvelles guerres, de nouvelles atrocités, de nouvelles lâchetés, comme du pus suintant d’une interminable gangrène, et je ne parle pas là seulement de la Russie ou de Gaza.

Dévasté, écœuré, terrifié, les mots sont désormais insuffisants, mais malheureusement nullement surpris, par l’accumulation d’horreurs, de stupidité, de haine, partout, pas seulement "là bas", mais ici et maintenant.

Nous ne pouvons même plus laisser les morts enterrer les morts. Il y en a trop.

Lorsque ce n’est pas la police qui tue, ce sont des fanatiques qui massacrent tout sur leur passage, commettant des actes de barbarie que rien ne peut justifier (et pour certains d’entre eux au nom de Dieu !), totalement incapables de comprendre que la violence ne débouchera jamais sur l’arrêt de ce qu’ils prétendent combattre et qu’ils ne font finalement qu’encourager, provoquant en retour une violence elle aussi aveugle, dans une logique affreuse de la riposte sans fin, ajoutant les morts aux morts dans une comptabilité infernale que l’on se balance à la gueule, et que d’autres reprennent en boucle sur les réseaux dits sociaux en se balançant des noms d’oiseaux et en se chamaillant comme des vieillards séniles sur les mots. Or, quelles soient les horreurs commises par le Hamas, peuvent-elles justifier et légitimer la mort de 4500 enfants (selon l’Unicef à la mi novembre) sous les bombes israéliennes ? Peuvent-elles justifier ce que l’ONU appelle maintenant un génocide ? Et même s’il se trouvera toujours des voix pour s’insurger contre l’emploi d’un mot comme "génocide", la réalité est bien le massacre de toute une population, la famine, les bombes, la destruction des hôpitaux.

De même, la moitié de l’humanité (ou de ce qui se prétend telle), c’est-à-dire les femmes, a été niée, exploitée, dominée par l’autre moitié, c’est-à-dire les hommes, dans un système patriarcal aux multiples aspects et aux conséquences dévastatrices. Si tous les hommes (au sens sexué du terme) ne sont pas des violeurs, inévitablement tous ont intégré, de part le conditionnement social, familial, scolaire, les stéréotypes de genre et le "suprémacisme" masculin, jusque dans le langage. Les femmes (au sens sexué du terme) ont elles aussi intégré ces stéréotypes et conditionnements, à travers notamment l’injonction de la maternité, ou du couple hétérosexuel magnifié par la "culture" dominante. Et si la domination est universelle et concerne tous les domaines de la vie, il est parfaitement et malheureusement vrai que « le corps féminin est historiquement le lieu par excellence de la domination masculine », comme la philosophe Camille Froidevaux-Metterie le rappelle, dans un entretien au « Monde » du 8 mars 2024.

Ce n’est pas le lieu ici de développer toute la critique du monde que les "humains" ont fabriqué.

Nous nous adressons à ceux à qui nous n’avons pas besoin d’expliquer en quoi le monde fabriqué par les hommes (ces prétendues « sociétés » civilisées, modernes, démocratiques, évoluées….) est totalement irrespirable et inacceptable. Ils le savent parfaitement. Comme ils savent parfaitement que l’humanité n’existe pas encore et qu’il faudrait effectivement tout changer, tout refaire, repartir dans d’autres directions radicalement différentes et effectivement refaire le monde. Et nous ne sommes pas inquiets, ils ne nous reprocheront pas d’employer ces mots simples.

Et ce n’est pas parce que les mots aujourd’hui ne veulent plus rien dire, qu’ils sont employés à tort et à travers, dans un sens dérisoire ou pathétique, voire scandaleusement opposés à ce qu’ils devraient impliquer (y compris par la publicité !), qu’il faut se priver de leur emploi et les laisser à ceux qui en font un mauvais usage.

Le problème se pose autrement : que faire d’autre, comment s’y prendre, y a-t-il vraiment quelque chose d’autre à faire ?

Il est vrai que face à l’énormité de la chose, il y a de quoi tomber dans l’aquoibonisme ou dans le désespoir.

Pourtant, oui il y a quelque chose à faire. Mais vous allez immédiatement vous demander, avec raison, qui nous sommes, nous, pour vous donner nos « solutions » ! Et vous allez vous méfier, vous détourner en pensant : voilà des charlatans, des escrocs ou tout simplement des bouffons.

Aussi, nous aimerions vous dire les choses suivantes (et vous en ferez ce que vous voudrez) :

Refuser d’accepter, dire non, se dire qu’il y a autre chose à faire et à vivre, que l’on ne peut se résigner à accepter ce que l’on exige de nous, que l’on passe forcément à côté de quelque chose d’essentiel, de vital, de central.

Se lancer à corps perdu, sans espoir de retour en arrière, quoi qu’il en coûte, dans la remise en cause générale, dans une insurrection de chaque instant contre tout ce qui forme le monde fabriqué par les hommes, dans une objection de conscience totale, radicale, globale, parce que tout est lié et interdépendant. Et le capitalisme ou les pouvoirs politiques ne sont pas les seuls cibles de cette remise en cause radicale. Il y a deux domaines en particulier que la quasi totalité de ceux qui se disent révolutionnaires refusent de remettre en cause : il s’agit, d’une part, de la famille, du couple, de la filiation, de la parentalité, du genre, et, d’autre part, du sort réservé aux animaux. Or, la famille telle qu’elle est vécue et conçue est à la base même du capitalisme, de l’Etat et du monde tel qu’il est. De même, tant que l’homme se comportera comme un prédateur avec les autres êtres vivants, il ne sera pas homme.

Ensuite, il y a une évidence : pour changer et refaire le monde, il faut commencer par changer soi-même (là encore, il s’agit d’une idée banalisée, ridiculisée, rabaissée… et pourtant elle est, dans sa simplicité même, totalement vraie), et cela tombe bien car la seule chose qui dans l’immédiat dépend de nous, et seulement de nous !

Mais ne croyez pas pour autant que ce sont par nos seules forces que nous pouvons nous changer, tel un surhomme ou un nouveau Prométhée. Croire que nous pourrions nous évoluer nous-mêmes est aussi ridicule et voué à l’échec que la tentative du Baron de Münchhausen qui voulait se soulever de terre en se tirant lui-même par les cheveux !

Alors que faire ?

Pourquoi ne feriez vous pas tout simplement confiance ?

Mais savez-vous ce qu’est la confiance ? Savez-vous ce que c’est que de se donner à ce que l’on ne perçoit pas, que l’on ne touche pas, ne voit pas, si ce n’est comme une espérance, un appel ? La confiance, c’est accepter de croire qu’il y a autre chose à faire, à vivre et que c’est pour cela qu’il faut refuser de rentrer dans le rang, même si l’on ignore où cela nous mènera.

Et ce chemin est rude, parce que nous y sommes seuls ou quasiment seuls ; parce que le monde essaie de nous récupérer, par tous les moyens, y compris en laissant s’exprimer une critique juste (celle précisément du capitalisme, de la "megamachine", du "système") mais parcellaire et stérile parce qu’elle ne débouche pas sur un projet commun.

Et c’est précisément cela une démarche radicale. C’est supprimer en nous le monde que l’on rejette.

A partir de là, en suivant cette piste, vous trouverez vous-mêmes les réponses aux questions posées plus haut : que faire, surtout que faire ensemble ?

Car de deux choses l’une, ou bien il n’y a rien à trouver qui peut nous rassembler, et alors tout est foutu, ou il y a quelque chose d’universel, de commun à tous, et alors tout est encore possible.

Naturellement, il ne s’agit pas de prétendre que cela se fera en un jour, comme par miracle (ne nous prenez pas pour des imbéciles, par pitié !).

Tout ce que nous pouvons vous dire est qu’il y a quelque chose à trouver. Quand vous l’aurez trouvé, nous en reparlerons. Vous vous apercevrez alors que nous avons les mêmes réponses…

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