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Confusions et amalgames

dimanche 19 octobre 2014

La manif pour tous et maintenant l’hystérie anti-genre démontrent non seulement les collusions permanentes de l’extrême droite et de la droite extrême avec les fondamentalismes catholiques, ce qui n’est pas une nouveauté, mais également la bonne conscience et les raidissements d’une "gauche" athée, rationaliste et bardée de certitude.

Un thème qui revient comme un leitmotiv consiste à soutenir que ces mouvements anti gays, anti avortement, anti théorie du genre sont gravement et définitivement opposés à la République démocratique laïque et sociale.

Il est incontestable que ces mouvements sont porteurs d’un esprit et de mentalités effrayants. Il est inutile d’insister là-dessus, je pense en particulier à certaines officines identitaires, "nationales et patriotiques", qui se présentent comme des dissidents, déplorant la ruine de la "nation française" ce qui leur sert de camouflage à la nostalgie de la pureté de la race, pureté à défendre par tous les moyens et contre tous ceux qui la mettent en cause, notamment les homosexuels et autres déviants...

Pour autant, se servir de cela pour sous-entendre que la démocratie est actuellement réalisée, c’est un procédé aussi détestable que malhonnête ! Et cela témoigne d’une confusion et d’un amalgame insupportables, mais aussi d’un aveuglement dont il faut se demander s’il ne serait pas volontaire, pour éviter d’avoir à tirer des conséquences trop radicales d’un constat pourtant évident : il n’y a jamais eu de démocratie.

Tout aussi malhonnête (mais tellement courant) est l’anathème jeté par les « gens de gauche » et par la plupart des féministes sur tous ceux qui osent penser et dire que l’avortement est en soi une solution tragique et que tout devrait être fait pour l’éviter. Que dans certains cas, l’on doive y recourir peut et doit s’admettre. A l’époque de l’adoption de la loi Veil, l’on traduisait cela par : « je suis contre l’avortement, mais pour la loi ». D’ailleurs, s’il est inévitable d’y recourir dans des cas extrêmes (viol en particulier, détresse et misère), il est facile de comprendre que ces situations dérivent de l’état de la "société" en général dans laquelle, entre autres, s’est construite la domination des femmes par les hommes depuis des millénaires avec tout ce que cela implique dans l’inconscient collectif et dans les mentalités individuelles de beaucoup d’hommes qui croient pouvoir se servir à leur guise et par la violence des femmes comme des objets sexuels, en poussant la logique de la domination jusqu’au bout. En revanche qu’on utilise l’avortement en tant que méthode contraceptive comme une autre, c’est là effectivement une déviation et un scandale.

Malheureusement, la confusion et la malhonnêteté intellectuelle de beaucoup de « gens de gauche » et de féministes les rend incapables de comprendre que l’on peut être à la fois farouchement partisan des relations les plus libres possibles, donc « pour » l’homosexualité, la bisexualité, la « transsexualité », et même la communauté affective et sexuelle impliquant de vivre plusieurs relations en même temps... et, en même temps, considérer que l’avortement n’est pas souhaitable et qu’il conduit à supprimer une vie future (même s’il est inévitable dans certaines circonstances).

Une autre confusion pousse les mêmes "gens de gauche" à considérer toute référence à une Transcendance [1] comme aliénante, entraînant une perte de liberté... Castoriadis a beaucoup écrit en ce sens.

Pour beaucoup d’entre eux, Dieu est forcément d’extrême-droite, barbu et misogyne. A leur décharge, il est vrai que beaucoup de « croyants » partagent cette vision (la barbe en moins, du moins il faut l’espérer...).

Mais en définitive, athées et cathos traditionnels s’entendent et se comprennent parfaitement : ils sont tous farouchement partisans de l’Etat (à l’exception des anarchistes).

La doctrine de l’Église sur ce point est constante : « Aucune institution sociale, après la famille, ne s’impose aussi fortement, aussi essentiellement que l’Etat. Il a sa racine dans l’ordre de la création et il est lui-même un des éléments constitutifs du droit naturel » (Pie XII, en 1950). En cela, l’Église est le plus fidèle soutien du monde tel qu’il est.

Quant aux athées, la quasi totalité d’entre eux (encore une fois à l’exception des anarchistes) communie dans la croyance en l’absolue nécessité de l’Etat.

Quant à nous, nous sommes honnis par chaque camp, pour des raisons diamétralement opposées. Par les athées parce que nous nous référons à une Transcendance. Par les cathos et pseudo-religieux, parce que nous prônons une révolution radicale.

Notes

[1peu importe comme l’on nomme cette réalité, l’Infini, l’Etre, Dieu, Allah, l’Absolu, le Soi, le brahman, l’Ame du monde, le Tout Autre, la Voie... les mots n’ont aucune importance, l’essentiel est d’en faire l’expérience.

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