Darmanin est d’extrême droite, c’est une affaire entendue. Ses déclarations récentes, s’il en était besoin, le confirment, comme celles dans lesquelles il s’assoit sur les arrêts de la cour européenne des droits de l’homme, ce qui est le propre de l’extrême droite.
Et non seulement il le dit, mais il le fait [1]. Il vient d’ordonner l’expulsion d’une personne en dépit d’une décision de la cour européenne qui avait dit qu’il ne devait pas être renvoyé dans son pays.
Mais quelles conséquences en tirer ? Qu’il ne peut en être autrement ? Qu’une attitude mesurée, humaine, conforme à ce que prétend la théorie démocratique, est impossible ? Ce serait déjà un acquis intéressant. Fini les grands discours, les envolées lyriques. Ne restent que la matraque, la violence, la surenchère, les bruits de bottes... Au moins, on enlève le masque. Mais cela ne dérange même pas l’immense majorité de la population de la prétendue nation française qui en redemande et qui n’en a rien à foutre de vivre dans un goulag, au contraire.
La preuve : le seul discours de Darmanin devrait provoquer des manifestations monstres, or tout passe comme la loi imposant l’état d’urgence, dans l’indifférence la plus complète, du moins et encore une fois dans l’indifférence de l’immense majorité. A moins que, effet de saturation et de sidération, l’on ne sache plus que dire et que faire, ce qui serait déjà moins inquiétant.
Mais n’y croyons pas trop, ce d’autant plus que les prochaines élections montreront que les « français de souche » préfèrent l’original à la copie, soit Le Pen au sinistre Darmanin et au non moins sinistre Macron. Et il y a là une autre conséquence à tirer, l’attitude à avoir lors des prochaines élections. Je fais partie de ceux qui en 2022 ont encore voter Macron pour éviter Le Pen. Et je le regrette de plus en plus, puisque Macron fait la même chose. Une nouvelle preuve vient d’en être donnée avec la loi sur les étrangers que l’extrême droite "officielle et avouée" a déclaré vouloir voter car il s’agit là pour elle d’une "victoire idéologique". Tout est dit. Mais ne nous y trompons pas, derrière Darmanin, il y a Macron, ce personnage répugnant, d’une hypocrisie insondable, qui a trompé tout son monde, lui le premier tellement il ne doit plus savoir qui il est.
La loi qui vient d’être votée, dans les conditions que l’on sait, est innommable, honteuse, effrayante. Je n’insiste pas sur son contenu que tout le monde connaît. Mais que personne ne soit dupe, aujourd’hui cela concerne directement les étrangers, mais en réalité nous sommes tous visés, parce que c’est là la poursuite d’un processus extrêmement ancien qui consiste à nier tous les grands principes pourtant proclamés partout. Des grands principes sur lesquels on s’assoie, qui ne servent que de faire valoir, et permettent de continuer à pouvoir se regarder dans la glace sans vomir, sans rougir, sans mourir de honte, de chagrin aussi un peu. Un auteur, avec qui je ne partage pas le fond psychologisant, a écrit un livre intitulé "un si fragile vernis d’humanité" [2]. On en est bien là : une barbarie, un primitivisme, une inhumanité, un vide abyssal recouvert d’une fine pellicule de culture, de discours enfumatoires, d’auto célébrations et d’envolées lyriques. L’affirmation propagandesque de la "démocratie" en fait partie.
Je tiens à expliquer ici les raisons qui m’ont poussé à voter Macron en 2022 (du moins à les résumer). Je l’ai fait parce que je sais avec certitude que si Le Pen est élue, non seulement l’application de son programme aura des conséquences effroyables, y compris pour ceux qui auront voté pour elle, mais de plus les milices et autres barbouzes néonazis d’extrême droite vont se lâcher et qu’il n’y aura plus de limite, y compris dans la police où l’on sait que la majorité des policiers est d’extrême droite. Déjà qu’aujourd’hui c’est très très inquiétant (et Mediapart a raison d’insister là dessus [3]), ce sera pire. Il y a en effet, des degrés en enfer. Je sais bien que Macron lui-même et sa clique sont responsables de la montée apparemment inexorable de l’extrême droite et de l’extrême droitisation. Responsables et coupables. Mais ils ne sont pas les seuls, et il y a là certainement le résultat d’une absence totale de perspectives collectives et d’espérance en un autre monde, mais aussi le résultat de l’incapacité à construire véritablement autre chose, chacun restant dans son coin. L’impossibilité d’une entente minimale à "gauche" en est aussi l’expression.
Bref, ça pue, mais c’est normal, c’est la puanteur de l’enfer.
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